L'
Histoire de l'Etrat
Quelques
infos en vrac:
Altitude:
453m.
Superficie:
848 ha.
population:
453 habitants (1851), 2147 habitants (1975), 2309 habitants (1982),
2615 habitants (1999), 2772 habitants (au 1er janvier 2010).
étymologie:
Strata (1373), ce qui signifie "route pavée",
localité située sur une voie romaine (via strata
lapide); nom des habitants: les Stratiens.
Le village se trouve au carrefour de la route qui conduit de la Talaudière
à la Plaine du Forez, et de celle qui relie Saint-Héand à
Saint-Étienne.
Le
nom-même du village explique bien son origine. L'Etrat fut d'abord
et pendant longtemps un lieu de passage, probablement rien de plus qu'un
hameau, au bord de la grande voie romaine que l'on désignait par
les termes "via strata" parce que, à la différence
d'autres voies de communication moins importantes, elle était empierrée
et pavée. La voie qui passait par cet endroit permettait de se
rendre de Lyon à Saint-Rambert, via Saint-Chamond. C'était
donc un axe important qui reliait la vallée du Rhône à
la Plaine du Forez.
Pour
confirmer la présence romaine, il faut rappeler que l'on a
retrouvé au XIXème siècle, lors de travaux de
voirie, des fragments de tuiles à rebords. Il se peut même
que l'on ait exploité les couches d'argile qui se trouvaient
dans les parages pour la fabrication de poteries. Ainsi, le lieu-dit
les Ollières rappellerait cette activité.
Au Moyen-Age, ce hameau dépendait de la Tour-en-Jarez, fief important tout
proche. Nombre de familles positionnées à la Tour, mais aussi à
Saint-Héand et à Saint-Priest-en-Jarez, se partageaient les terres
et les droits. Toutefois, l'Etrat possédait une auberge et un marché.
Il est vrai que la configuration des lieux était plus propice à
cette dernière activité que les rues pentues de la Tour.
C'est aussi là que se tinrent souvent les Assises dont les
rapports nous donnent des renseignements plus précis sur la
vie en ce temps.
Ainsi, nous y trouvons la preuve du passage des Anglais au XIVème
siècle. En effet, en 1385, un dénommé Hughes
Laurent fut condamné aux Assises "tenues à l'Estra
sous la Tour" à 20 sous tournois pour être simplement
"demeuré" avec les Anglais. A vrai dire, il profita
de la circonstance pour aller piller le voisinage en charmante compagnie!
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Aux
XVIème et XVIIème siècles, l'Etrat fut le théâtre
de conflits entre catholiques et protestants qui montrent bien à
quel point les haines et l'intolérance étaient vivaces.
La région stéphanoise n'avait pas été épargnée
par les guerres de religion, mais après la proclamation de l'Edit
de Nantes, on aurait pu penser que les rivalités s'estomperaient
avec le temps: il n'en fut rien, elles subsistèrent pendant une
grande partie du XVIIème siècle avec une violence parfois
redoutable comme ce fut le cas à l'Etrat.
Les protestants avaient obtenu dans le hameau une place-refuge où ils
pouvaient s'assembler pour célébrer leur culte. Le premier endroit
qui leur avait été dévolu se trouvait à la Tour
même, mais les habitants de ce village avaient protesté contre
cette décision. Une maison avait donc été octroyée
aux Réformés à l'Etrat par ordonnance du 16 juillet 1603.
En 1665, les habitants du hameau chassèrent les Protestants et mirent
le feu à la maison. Les autorités décidèrent alors
de donner un autre lieu de réunion à "Saint-Étienne
de Furan au lieu de La Montat".
On possède une lettre de plainte des Protestants après cette
nouvelle attribution dans laquelle ils exposent leurs craintes d'être
encore moins bien protégés car, disent-ils, le lieu de l'Etrat
avait au moins l'avantage d'être proche du château de Saint-Priest-en-Jarez,
dans lequel ils pouvaient se réfugier en cas d'extrême nécessité.
Ce même document permet de se faire une idée de l'Etrat qu'il décrit
succintement: une quinzaine de maisons qui toutes jouxtent "le grand chemin"
par lequel on allait de la plaine à Lyon.
Au XVIIIème siècle, la tradition veut que Mandrin se soit
arrêté à l'Etrat.
Au XIXème siècle, le hameau se dote d'une église
(1850) et devient officiellement commune par décret du 5 avril
1884. Les rivalités entre la Tour et l'Etrat avaient rendu cette
séparation nécessaire.
L'église
date donc de 1850. Assez étroite et élancée,
elle est de style plutôt composite, bien que le roman prédomine.
Le bâtiment calque la disposition des grandes cathédrales
avec une haute nef centrale, deux nefs plus basses sur les côtés,
transept, chur. Une grande rosace au-dessus du portail et une
autre au bout de chaque bras du transept. Le clocher se termine par
une flèche.
A l'intérieur, une chapelle est dédiée au Sacré-Cur
de Jésus, elle est ornée d'une sculpture que l'on doit
à Fabisch.
Plusieurs
maisons de l'Etrat datent du XIVème siècle. Pratiquement
aucune n'a gardé de caractère typique. Toutefois,
on ne peut manquer d'admirer à l'entrée Est du village,
sur la gauche, juste au confluent du Furan et du Reteux, une demeure
avec un balcon de bois et un auvent; sous ce dernier deux têtes
sculptées également en bois.
Tout au long de la route qui gagne la plaine du Forez se sont installés
au XIXème siècle les riches industriels stéphanois. Ils
ont fait construire dans des parcs magnifiques de somptueux châteaux de
style Renaissance pour beaucoup. On en dénombre une dizaine au moins
sur le côté droit de la route, étagés sur les premières
pentes des monts. Celui de la Bertrandière est devenu un lieu d'exposition
de peintures et d'antiquités. Celui du Maniquet abritait un Centre d'Education
pour jeunes handicapés.
C'est d'abord dans ces parages que la commune s'est agrandie il
y a une vingtaine d'années. Une partie du parc de la Bertrandière
fut loti, puis ce fut le tour de la colline des Ollières.
L'expansion fut pendant quelques années spectaculaire. La
population augmenta de façon importante. Actuellement, cet
accroissement paraît s'être stabilisé.
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Dans
le passé, l'armurerie fut une activité importante
du hameau, mais jusqu'à notre siècle, ce fut l'agriculture
qui fut prédominante. Le recul des territoires agricoles
et la petitesse des exploitations entraînèrent une
nette et rapide régression du nombre des exploitants agricoles.
En 1947, 45 exploitants, actuellement une vingtaine tout au plus.
Il
existe encore le long du Furan des cultures maraîchères
et de l'horticulture.
L'industrie a commencé à se développer au
XIXème siècle : cartonnerie et fabrique de papier,
minoterie, ateliers de rubannerie et de tissus élastiques.
Des industries plus importantes se sont installées ces
dernières décennies : mécanique et plastique.
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